Lou Printems Claudi Peyrot, priour de Pradinas (1709-1795)

 

Peyrot

 

 

 

 

 

 

 

Lou coucut a cantat ; l'hyver va trescoula ;
La biso sul Rouergue es lasso de siffla,
Va pourta sous buffals dins lou pais de l'Ourso ;
Lou printems se preparo à coumença sa courso,
Trop long-tems amagat, lou Grand astré del Cel,
Quitto sa capo sombro è son negre mantel ;
Et del tiede zephir deja la douce haleno
Des rious emprisounats a foundut la cadeno.
De la cimo des rocs, à touto houro, en detal,
on vei se destaca de pendens de cristal ;
Et la neou que se fond, en laven las carrieros,
Va jusques dins lour leit treboula las rivieiros,
Sans cregné de l'hyver lou funeste retour,
L'amellié se desplego à l'esclat d'un bel jour.

 


Le coucou a chanté, l'hiver tire à sa fin ;
La bise sur le Rouergue est lasse de souffler
Et porte ses soufflets dans le pays de l'Ourse.
Le printemps se prépare et commence sa course.
Trop longtemps éclipsé, le Grand Astre du Ciel
Quitte sa cape sombre, ôte son noir mantel,
Et du tiède zéphir déjà la douce haleine
Des ruisseaux prisonniers a fait fondre la chaîne.
De la cime des rocs, à toute heure, un par un,
On voit se détacher des pendants de cristal
Et la neige qui fond, en lessivant les rues,
Jusqu'au fond de leur lit va troubler les rivières.
Sans craindre de l'hiver le funeste retour,
L'amandier se déploie à l'éclat d'un beau jour.